Nous sommes au bord du gouffre, il faut agir !

Festival « Faites la paix »

Plainfaing 7.5.2023

Mouvement de la paix des Vosges

Intervention pour QuattroPax, le Réseau pour la Paix et la Solidarité en Grande-Région

Un grand merci aux organisateurs et notamment à Pierre-Olivier pour cette invitation au festival « Faites la Paix ».

Au nom du réseau transfrontalier QuattroPax, un réseau pour la paix et la solidarité en Grande-Région, c’est-à-dire en Wallonie, Grand-Est, Luxembourg, Sarre et Rhénanie-Palatinat, nos salutations les plus solidaires.

En ce moment ce réseau se compose de 12 associations œuvrant pour la paix et un monde plus juste.

Hausse des prix de l’énergie, catastrophe climatique, pandémie, mouvements migratoires et guerres en Europe et ailleurs : le monde est en mode crise. Dans nos régions aussi, les conséquences se font de plus en plus sentir : la pauvreté et les inégalités croissantes, les effets négatifs du réchauffement climatique et les distorsions sociales montrent clairement qu’il n’est plus possible, aussi chez nous, de „continuer comme avant“.

Mais pourquoi s’engager comme société civile pour la paix dans un environnement qui va de plus en plus mal ?

Premièrement : Nous ne devons pas permettre à notre société de perdre le langage de la paix.

Deuxièmement : Nous voulons un monde dans lequel nos enfants ont un avenir digne d’être vécu.

Troisièmement : Une citation d’Antonio Gramsci : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »

Restons vigilants et engagés. C’est un engagement noble où l’empathie et la solidarité ne sont pas des mots vides de sens. C’est notre engagement !

« L’horloge de la fin du monde sonne l’alarme pour l’ensemble de l’humanité : Nous sommes au bord du gouffre. Mais nos dirigeants n’agissent pas à une vitesse ou à une échelle suffisante pour garantir une planète pacifique et vivable.»

Citation de Mary Robinson, ancienne Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme lors de présentation de « L’horloge de l’apocalypse », la fameuse Doomsday-Clock du « Bulletin of Atomic Scientistes » en janvier de cette année.

Le monde n’a jamais été aussi proche de la catastrophe : l’horloge de l’apocalypse mesure chaque année métaphoriquement depuis 1947 les défis posés à l’humanité. Selon les experts il est 90 secondes avant minuit. La menace d’une autodestruction de l’humanité n’a jamais été aussi proche du gouffre depuis l’existence de cette horloge de l’apocalypse.

Pour le réglage de cette année, selon les responsables, une attention particulière a été accordée à la guerre en Europa, à la modernisation des armes nucléaires, à la menace d’une guerre nucléaire, au programme nucléaire de l’Iran, à la crise climatique persistante, aux campagnes de désinformation soutenues par l’État et aux technologies disruptives, telles que la biosécurité et la cybersécurité.

Le dernier rapport synthétique du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) publié il y a quelques semaines, était sans équivoque : Le changement climatique, causé par les activités humaines, s’intensifie rapidement. Aucune région du globe n’est épargnée. Les impacts du changement climatique, et les pertes et dommages qui y sont liés, comme la dégradation massive de la biodiversité, se sont généralisés et aggravés depuis la dernière évaluation des scientifiques.

Et c’est pire que ce qu’on pensait

Mitzi Jonelle Tan, activiste auprès des Fridays For Future aux Philippines :

« La crise climatique ne concerne pas seulement les conditions météorologiques extrêmes ou les émissions de CO2. Ce qui fait que le changement climatique est vraiment une crise, c’est l’exploitation historique des groupes marginalisés et de la classe ouvrière, surtout dans le Sud, surtout par le Nord. Et cette exploitation se poursuit encore aujourd’hui. C’est précisément pour cette raison que nos communautés ne peuvent pas s’adapter aux conséquences de la crise. Les conséquences ne font qu’empirer à cause de l’avarice des pays coloniaux. La crise climatique n’est pas seulement un problème environnemental. Elle est le symptôme d’un système pourri, obsédé par les fossiles et axé sur le profit, que nous devons changer ensemble. Quand je parle de justice climatique, je parle d’un monde meilleur dans lequel tout le monde se sent en sécurité et où personne n’est laissé pour compte. »

Toutes les treize secondes, un enfant de moins de cinq ans meurt dans le monde des suites de la faim, constate l’organisation internationale « Welthungerhilfe », 149 millions d’enfants souffrent de malnutrition chronique. Ce sont des chiffres tristes, surtout si l’on considère que dans le même temps, des sommes faramineuses sont dépensées chaque année pour l’armée et les armes, sans parler des dégâts causés par les guerres.

Selon le dernier rapport du SIPRI (Stockholm International Peace Institute) „Trends in World Military Expenditure 2022“, 2,24 billions de dollars – 2 240 000 000 000, en d’autres termes : deux mille deux cent quarante milliards de dollars – ont été dépensés l’année dernière à l’échelle mondiale pour les armes et l’armée. Un nouveau record absolu, plus que pendant les années de pointe de la guerre froide.

Quelle honte ! L’humanité s’arme à mort.

Et c’est l’OTAN qui est en folie de l’armement. Il faut le constater au vu des chiffres de l’Institut mondialement reconnu SIPRI pour 2022 : 55% des dépenses sont pour l’OTAN, dont 39% pour les Etats-Unis. Les États coopérant avec l’OTAN (comme l’Australie, le Japon, Israel et la Corée du Sud e.a.) 16%. La Chine est à 13% et la Russie à 4%.

Quel gaspillage d’argent massif, argent tellement nécessaire pour atteindre les 17 Objectifs de l’agenda 2030 des Nations-Unies. Ces objectifs pour un développement durable nous donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous.

Nous ne voulons pas un monde en folie. Nous aspirons à un monde :

  • dans lequel la diplomatie a la priorité absolue sur la guerre ;
  • dans lequel la protection du climat, la justice sociale et un ordre économique mondial solidaire sont traités comme des priorités urgentes ;
  • où les bombes atomiques sont proscrites ;
  • où l’on cesse de dépenser des sommes folles pour le réarmement militaire ;
  • où une nouvelle architecture européenne de sécurité donne la priorité à une politique de sécurité civile.

Ces jours-ci, il n’y a pas une seule manifestation pour la paix qui n’aborde pas le thème de la guerre en Ukraine.

Dans cette guerre totalement absurde : baissez les armes, arrêtez l’escalade, diplomatie et négociations maintenant.

Permettez-moi de citer Edgar Morin dans son dernier livre « De guerre en guerre » : L’urgence est grande : cette guerre provoque une crise énorme qui aggrave, aggravera toutes les autres crises du siècle dont souffre l’humanité, à savoir la crise écologique, la crise économique, la crise des civilisations et la crise de la pensée ; crises qui, à leur tour, aggraveront et exacerberont les maux et la crise de cette guerre. (…) Plus la guerre s’intensifie, plus la paix devient difficile, mais plus elle est nécessaire. Oui l’urgence est grande. Oui nous sommes au bord du gouffre, il faut agir. Restons vigilants et engageant nous pour une société solidaire et un monde en paix.